Propositions d’aires protégées – un engagement pour la biodiversité dans Charlevoix 

Catégories:

,

Mise en contexte

À l’été 2024, le gouvernement du Québec a lancé un appel à projets pour la création d’aires protégées sur son territoire public méridional. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Plan Nature 2030, visant à répondre aux engagements de la province en matière de conservation, notamment dans le cadre du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal. Le Québec s’est ainsi engagé à conserver 30 % de son territoire d’ici 2030, en réponse à la crise mondiale de la biodiversité. Actuellement, son réseau d’aires protégées couvre plus de 250 000 km², soit environ 17 % des écosystèmes terrestres et 10 % des milieux marins.

L’objectif de cet appel à projets est de mobiliser les acteurs locaux, régionaux et autochtones afin d’identifier les zones nécessitant une protection accrue, tout en tenant compte des priorités de conservation propres à chaque région. En favorisant l’implication de partenaires diversifiés, l’initiative encourage des projets qui promeuvent une gestion durable des ressources et une sensibilisation renforcée à l’importance de la biodiversité. L’approche collaborative est donc au cœur de cette démarche.

Avec le soutien financier d’Environnement et Changement climatique Canada, la Région de la biosphère de Charlevoix participe activement à cette initiative pour atteindre l’objectif de 30 % d’aires conservées d’ici 2030. Elle propose quelques projets au sein de la région charlevoisienne, convaincue que ces aires protégées joueront un rôle crucial dans la préservation de notre patrimoine naturel pour les générations futures. 

Méthodologie d’identification des sites

Afin d’identifier les sites prioritaires à soumettre dans le cadre de l’appel à projets, plusieurs outils ont été utilisés. Une analyse de priorisation des milieux naturels, menée l’an dernier, a permis de cibler les zones cruciales pour la conservation de la biodiversité. Ces sites ont été sélectionnés en fonction de leur valeur écologique et des pressions auxquelles ils sont soumis, et ont été proposés pour inclusion dans cet appel à projets.

De plus, les résultats des ateliers de consultation et du sondage en ligne organisés au printemps dernier ont intégré les dimensions socio-culturelles et économiques propres à la région charlevoisienne. Cette démarche a permis de s’assurer que les projets soumis répondent aux besoins et aux priorités de la communauté locale.

Les milieux naturels soigneusement sélectionnés ont été choisis pour plusieurs raisons, notamment:

  • La protection des écosystèmes : Préserver des écosystèmes riches en biodiversité face aux pressions humaines.
  • La connectivité écologique : Favoriser la connexion entre les écosystèmes pour permettre aux espèces de se déplacer, de migrer et d’interagir.
  • La pratique d’activités récréotouristiques : Promouvoir des activités récréatives respectueuses de l’environnement, comme la randonnée, le camping, le ski de fond et la pêche, dans des milieux naturels préservés.
  • La santé et le bien-être : Améliorer la qualité de vie des citoyens en offrant un accès accru à la nature.

Une approche collaborative et partenariale

Il est important de souligner que la Région de la biosphère de Charlevoix ne propose pas de solutions toutes faites, mais plutôt des zones qu’elle considère essentielles à protéger. Ces zones représentent des points de départ pour des projets à co-construire en collaboration avec l’ensemble des parties prenantes. Tout le processus reste à élaborer de manière collective lors de la phase de consultation menée par le ministère, afin d’assurer que chaque initiative soit adaptée aux réalités locales et aux besoins de tous les acteurs impliqués.

Cette approche collaborative est au cœur de l’initiative, garantissant que les projets de protection seront non seulement écologiquement pertinents, mais aussi socialement acceptés et économiquement viables pour les communautés de la région charlevoisienne.

Propositions d’aires protégées

La Région de la biosphère de Charlevoix a ainsi déposé cinq projets d’aires protégées, portant les statuts de réserve de biodiversité et d’APUD, dans le cadre de l’appel à projets. Actuellement, les aires protégées couvrent 24.3 % du territoire de Charlevoix. Les projets proposés ajouteraient 8.7%, portant la couverture totale à 33 % du territoire, permettant ainsi d’atteindre l’objectif minimal de 30% de protection pour la région charlevoisienne.

Carte des aires protégées proposées soumises par la Région de la biosphère de Charlevoix

PROTÉGER L’ARRIÈRE-PAYS CHARLEVOISIEN : LE CORRIDOR DES HAUTS JARDINS

La réserve de biodiversité proposée des Hauts Jardins, située dans le TNO du Lac Pikauba, permettrait de créer un corridor écologique reliant les parcs nationaux des Grands-Jardins et des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie. Cette zone, essentielle pour les espèces fauniques et floristiques, améliorerait la connectivité des habitats à grande échelle.

Classée zone importante pour la conservation des oiseaux (ZICO), elle offre des habitats clés pour des espèces vulnérables, comme la grive de Bicknell et le garrot d’Islande. De plus, elle abrite de nombreux lacs accueillant l’omble de chevalier, et se trouve au cœur de l’habitat du caribou forestier de Charlevoix, dont la protection profite à une multitude d’autres espèces.

Pour en savoir plus sur cette proposition veuillez consulter le lien suivant :Proposition AP_Hauts Jardins_RBC.pdf

NORDICITÉ AU CŒUR DE CHARLEVOIX : PROTECTION DES HAUTS-PLATEAUX

La réserve de biodiversité proposée des Hauts-Plateaux est située principalement sur le territoire non organisé (TNO) du Lac Pikauba. La protection de ce territoire est essentielle pour maintenir la biodiversité, préserver les habitats d’espèces variées et protéger les écosystèmes subalpins sensibles. Certains sommets, comme celui du mont du Lac à l’Empêche, sont reconnus pour leur intérêt écologique et esthétique, renforçant l’importance de la conservation de cette zone.

Les sommets pseudo-alpins de Charlevoix, riches en éricacées, mousses et lichens, abritent des plantes arctiques-alpines telles que la diapensia de Laponie et le carex de Bigelow, et incluent plusieurs sentiers de randonnée qui offrent des retombées sociales positives en facilitant l’accès aux paysages subalpins, lesquels pourraient être protégés par la désignation en réserve de biodiversité.

De plus, la ZICO de Charlevoix en fait une zone clé pour la conservation des oiseaux, notamment la grive de Bicknell, et une partie de l’habitat du caribou forestier.

Pour en savoir plus sur cette proposition veuillez consulter le lien suivant : Proposition AP_Hauts-Plateaux_RBC.pdf

LA RIVIÈRE PIKAUBA : UN BASSIN D’ÉCOSYSTÈMES À PROTÉGER

La réserve de biodiversité proposée de la Rivière Pikauba fait partie de la réserve faunique des Laurentides et est située à l’intérieur des TNO du Lac-Jacques-Cartier et du Lac-Pikauba. Sa protection, étudiée à deux reprises par le passé, concrétiserait les efforts de conservation pour ce territoire riche en biodiversité.

Le site abrite des écosystèmes précieux, incluant la rivière Pikauba, 13 lacs, 30 km² de milieux humides, des forêts matures, ainsi que des espèces menacées comme le caribou forestier et l’omble chevalier oquassa. Protéger ces habitats bénéficierait à toutes les espèces de la forêt boréale, qu’elles soient menacées ou non.

Cette protection permettrait aussi de maintenir la chasse et la pêche, tout en préservant l’habitat d’espèces comme l’orignal et l’omble de fontaine, cruciales pour ces activités récréatives.

Pour en savoir plus sur cette proposition veuillez consulter le lien suivant :Proposition AP_Rivière Pikauba_RBC.pdf

LES PIEDS EN EAU TOURBE : COMPLEXE DE MILIEUX HUMIDES TOURBIÈRE RÉTICULÉE DU LAC MALBAIE

La réserve de biodiversité proposée du lac Malbaie, située sur le TNO du Lac Pikauba au sein de la Réserve faunique des Laurentides, se trouve au sud-ouest du Parc national des Grands Jardins, adjacent à ses limites. Elle comprend un complexe de milieux humides, dont la tourbière réticulée du lac Malbaie, un milieu humide d’une grande valeur écologique.

Cette tourbière abrite une végétation unique, avec une diversité de sphaignes et de plantes carnivores. Bien que protégée par le Parc national, elle fait partie d’un réseau plus vaste de milieux humides, dont la majorité se trouve en dehors des limites du parc. La zone proposée inclut ces milieux adjacents, ainsi que le lac Malbaie, favorisant une grande richesse faunique et floristique.

Sa protection assurerait la connectivité écologique et contribuerait à préserver la diversité des habitats et de la faune, tout en protégeant l’intégrité de la tourbière réticulée du lac Malbaie.

Pour en savoir plus sur cette proposition veuillez consulter le lien suivant :Proposition AP_Lac Malbaie_RBC.pdf

AIRE PROTÉGÉE D’UTILISATION DURABLE DE LA FORÊT HABITÉE DU MASSIF DE CHARLEVOIX

L’APUD proposée de la Forêt habitée du Massif de Charlevoix est située à Petite-Rivière-Saint-François, en bordure du fleuve Saint-Laurent. La gestion de ce secteur a été confiée à la MRC de Charlevoix en 1998, qui a adopté le modèle de la forêt habitée qui vise à vise à allier développement économique local, récréotourisme, protection de l’environnement et réappropriation du territoire.

Le statut d’aire protégée d’utilisation durable (APUD) est proposé pour garantir la protection de ce microclimat qui permet la présence d’érablières, tout en permettant une utilisation durable des ressources naturelles.

Pour en savoir plus sur cette proposition veuillez consulter le lien suivant :Proposition APUD_Forêt habitée du Massif_RBC.pdf

Échéancier

L’appel à projets du MELCCFP s’est clôturé le 15 octobre. L’appui des municipalités régionales de comté (MRC) concernées est essentiel pour que le projet avance vers les étapes suivantes, notamment l’analyse gouvernementale et la concertation régionale prévue en 2025. À cette occasion, divers aspects tels que la délimitation, le type de désignation, le régime d’activités et le plan de conservation seront discutés avec l’ensemble des parties prenantes. Enfin, une analyse finale par le gouvernement est prévue pour 2026, suivie d’une mise en réserve des projets en 2027.

Contact

Pour toutes informations supplémentaires, veuillez contacter Amélie Adam, Responsable en conservation à l’adresse suivante : conservation@biospherecharlevoix.org

Organisme subventionnaire

Projet réalisé avec l'appui financier de Environnement et Changement climatique Canada